Affiche Canicule 2022

En cas de fortes chaleurs, le salarié peut-il quitter son poste de travail ?

La santé des salariés relève de la « responsabilité » des employeurs quand ils se trouvent sur leur lieu de travail. Selon l’article R 4121-1 du Code du travail, tout employeur doit en effet prendre en considération les « ambiances thermiques » dans le cadre de sa démarche d’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs.

Si le Code du travail prévoit une ventilation des locaux fermés et que l’employeur doit mettre de l’eau à disposition, il ne prévoit pas de température au-delà de laquelle il ne serait pas possible de travailler.  Le salarié, sauf s’il est en danger grave et imminent, ne doit pas quitter son poste.

La caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) recommande d’évacuer les locaux climatisés à partir d’une température intérieure de 34 degrés (et en dessous de 14 degrés).

L’INRS a, de son côté, établi qu’au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés.

Concernant, les températures élevées, un dispositif spécifique, ORSEC « gestion sanitaire des vagues de chaleur », se substitue, depuis l’été 2021, au plan national canicule.

Son objectif est de permettre aux Français et à tous les acteurs de la vie économique d’anticiper l’arrivée de la canicule et de définir les actions à mettre en œuvre.

Concernant l’ensemble de ces éléments, nous conseillons au CSE de s’en saisir, de mettre les évènements climatiques de type « canicule » à l’ordre du jour du CSE et de proposer des actions de préventions. Il s’agit d’un dispositif de vigilance climatique mis en œuvre chaque année du 1er juin au 15 septembre, matérialisé par une carte nationale de vigilance comportant quatre couleurs (vert, jaune, orange, rouge).

Mise à jour du DUERP

Selon l’article R 4121-1 du Code du travail, tout employeur doit en prendre en considération les « ambiances thermiques » dans le cadre de sa démarche d’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs.

Les épisodes caniculaires sont donc à inscrire dans le DUERP. Le cas échéant, il doit être actualisé en conséquence.

Des locaux adaptés

Les employeurs sont également tenus de prévoir des locaux ou des équipements adaptés aux changements de conditions climatiques. «Les équipements et caractéristiques des locaux de travail sont conçus de manière à permettre l’adaptation de la température à l’organisme humain pendant le temps de travail», précise ainsi l’article R4213-7 du Code du travail.

De plus, dans les locaux fermés où les salariés sont appelés à séjourner, l’employeur doit veiller à ce que l’air soit renouvelé et ventilé pour éviter des élévations excessives de température. L’employeur doit également indiquer dans une consigne d’utilisation, les dispositions prises pour la ventilation et il doit fixer les mesures à prendre en cas de panne des installations.

De l’eau à disposition

Les employeurs sont tenus de fournir de « l’eau potable et fraîche » (C. trav. art. R4225-2) et, pour les postes à l’extérieur, une protection « contre les conditions atmosphériques », comme un local climatisé ou des abris.

De plus, lorsque des conditions particulières de travail conduisent les travailleurs à se désaltérer fréquemment, l’employeur met gratuitement à leur disposition au moins une boisson non alcoolisée (C. trav. art. R4225-3). Les boissons et les aromatisants mis à disposition sont choisis en tenant compte des souhaits exprimés par les travailleurs et après avis du médecin du travail.

Quelle tenue adopter ?

L’employeur doit adapter ses exigences aux conditions climatique pour satisfaire à son obligation de santé et sécurité des salariés. Mais il n’est pas question de retirer des EPI ou de venir en tenue indécente.

Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché.

article L1121-1 du Code du travail

En 2008, la Cour de cassation a donné tort à un agent technique, licencié suite à son obstination à venir travailler avec un bermuda sous sa blouse de travail : « En vertu de l’article L. 1121-1 du Code du travail, un employeur peut imposer à un salarié des contraintes vestimentaires si elles sont justifiées par la nature des tâches à accomplir et proportionnées au but recherché. »

Par conséquent : le choix du vêtement n’est pas une liberté fondamentale au travail. C’est ce qu’a jugé la Cour de cassation en 2003 : « Le salarié peut s’habiller à sa guise, à condition d’avoir une tenue propre et décente. Mais l’employeur peut limiter cette liberté ».

Personnes à risques

Le CSE (et/ou sa commission SSCT) doit être particulièrement vigilant concernant les personnes à risques comme les personnes âgées ou les femmes enceintes, en lien avec les employeurs et leurs obligations.

Les textes préconisent des aménagements, notamment avec du télétravail, pour les personnes à risques. Une femme enceinte pourrait par exemple demander à son employeur de rester en télétravail cette semaine, même si la charte de l’entreprise ne prévoit qu’un ou deux jours.

L’employeur n’est obligé de prendre ces mesures, mais il pourrait engager sa responsabilité en cas d’incident. Imaginez qu’une collaboratrice enceinte fasse un malaise dans les transports en commun : l’employeur devra fournir des explications, en indiquant pourquoi, ce jour-là, il avait besoin qu’elle vienne dans l’entreprise.

Liens

Chaleur et canicule au travail : les précautions à prendre

La gestion sanitaire des vagues de chaleur

Guide ORSEC départemental